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Rencontre avec l'Histoire et Ginette KOLINKA

Par admin lac-uby, publié le mercredi 19 juin 2019 16:23 - Mis à jour le mercredi 19 juin 2019 16:23
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Lundi 17 juin, à l'inititiative du Conseil Départemental du Gers, les élèves de Cazaubon et d'Eauze ont pu rencontrer Mme Ginette Kolinka dans l'hémicycle de l'Hôtel du département. 

D'emblée, Mme Kolinka remercie les élèves et les professeurs présents, en insistant auprès des élèves : "Vous êtes désormais les passeurs de mémoire." "Il faut se rendre compte où mène la haine"

Elle évoque ensuite sa jeunesse parisienne, vite rattrapée par la guerre. "Pour Hitler, je n'étais pas normale. J'étais juive"  d'où le recensement, le tampon juif sur la carte d'identité, l'étoile jaune ... Elle brave les interdits en allant à la piscine sans son étoile inconsciente des risques encourus. 

1942 : à la suite d'une dénonciation de son père communiste, la famille part pour la zone dite libre avec de faux papiers et en plusieurs groupes. Elle arrive à Aix les Bains et découvre les joies de l'hôtel et du restaurant. Encore l'insouciance de sa jeunesse. La famille s'installe à Avignon au bout de quelques semaines et travaille sur le marché. 

13 mars 1944 : alors qu'elle retourne chez elle déjeuner, elle découvre trois hommes en manteau de cuir dans son salon. C'est la Gestapo ! Elle est arrêtée avec son père, son frère et son neveu. Puis ce sont les prisons d'Avignon, de Marseille puis le train jusqu'à Drancy et le 13 avril le départ pour Auschwitz Birkenau. Trois jours de voyage dans des wagons à bestiaux dans des conditions effroyables.

Arrivée à Auschwitz, elle découvre les coups et les cris qui deviendront son environnement quotidien. Elle conseille à son père et à son frère de monter dans un camion sans savoir qu'elle les envoie à une mort certaine. Elle est sélectionnée pour le travail. Du terrassement, des travaux souvent inutiles. 

A l'automne 1944, elle quitte ce camp pour Bergen Belsen où elle échappe de peu à l'épidémie de Typhus. 

Au printemps 1945, elle arrive à Theresienstadt  ; le camp vient d'être libéré par les Russes.

Elle est rapatriée en France en juin 1945 et elle retrouve sa mère et ses soeurs. 

A la fin de son intervention, des élèves posent quelques questions : 

- "qu'est-ce qui était le plus dur ? le moral ou le physique ?" "Les deux, je ne supportais pas la nudité (lors des séances de désinfection par exemple) et ma tenue faite de vieux vêtements jamais lavés. Et la permanence des coups."

- "cette épreuve vous a -t-elle renforcé dans vos convictions religieuses ?" "J'étais juive non pratiquante et j'ai continué dans ce sens après."

- "comment avez-vous pu vivre après cette horreur ?" "J'ai eu la chance de retrouver ma famille et mon appartement. c'est une grande différence avec ceux qui n'ont pas eu cette chance." 

- "avez-vous parlé de tout cela avec votre famille " ' JAMAIS ! Ma mère est morte huit ans après et je n'ai jamais parlé de ça avec elle. J'ai seulement évoqué le sort de mon père et de mon frère. C'était une époque où on parlait des déportés résistants mais pas des déportés juifs."

- "ne vous-êtes vous jamais révoltée ?" " On n'avait pas la force. Et on était entourés des mensonges des nazis. Toutes les révoltes étaient matées dès le début.

-"Etait-ce chacun pour soi ou y avait-il de l'entraide ?" " Selon moi, il y avait de l'entraide verbale mais c'est tout. Je ne comprends pas comment les autres ont pu partager le peu qu'on avait." 

Et Mme KOLINKA de terminer  : "On n'est que des êtres humains. Il faut s'accepter comme nous sommes. Je vous ai passé ma mémoire. A vous de me remplacer.

Un beau moment d'histoire et d'émotions. Des élèves remettent en fin de séance un bouquet de fleurs à Mme Kolinka. 

Merci Madame pour ce moment de partage.

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